Dans le fin fond du petit village de mon enfance (404 habitants avec nous), et tout le temps qu’ont duré mes années collège, j’ai eu un rêve.
Un rêve de liberté : moi, chevauchant les cieux sur le dos d’une licorne ailée, chevelure au vent, ma main effleurant à peine un nuage cotonneux.
Non bien sûr, mais plutôt moi, Kokitch, chevauchant à cru la croupe d’une mobylette Peugeot 103 SP.
La mobylette Peugeot 103 SP était alors un « must have » et les ados des années 80 auraient vendu père et mère pour en avoir une.
Souvent, je lorgnais les devantures des revendeurs (car à l’époque, pas d’ordi, pas de tablette, pas d’internet, rien de rien ma pauvre Lucette, fallait être inventif).
Je tournais discrètement autour des bécanes des heureux propriétaires (c’était souvent des beaux gosses traficotant leur pot d’échappement et relevant d’un coup de tête sexy leur mèche rebelle).
Je feuilletais les pages des magazines spécialisés chez mon dentiste qui devait sans doute avoir un ado à la maison.
Mon esprit vagabondait alors vers de nouveaux horizons. Le vent fouettait ma longue chevelure permanentée et emmêlait ma mèche peroxydée.
Je rêvais évasion, ville, vitesse et moucheron dans l’appareil dentaire.
C’est en général à cet instant précis que mon père me criait » Kokitch tu as fini de faire tes devoirs? C’est l’heure de mettre la table! »
Dur retour à la réalité.
Je pliais alors ma page de magazine déchirée et piquée chez mon réparateur de dents que je planquais entre les pages de mon DM de math (vous aurez compris que je cachais mon magazine, pas mon dentiste malgré l’ambiguïté de ma syntaxe).
La Mobylette 103 SP est devenue super ringarde à ce qu’il parait ! Mes parents ont bien fait de ne pas me l’acheter!
Qu’importe, pour moi, elle aura toujours le goût du rêve et du moucheron.
capture d’écran « Retrobecane Vendée «